Par : Rachida Afilal
Critique littéraire
Critique littéraire
"Les feux des extrémités de la journée"... Un titre assez particulier pour un roman tout aussi particulier... Particulier de par le fait qu il s étale sur un temps et un espace tous aussi délimités... Le temps : une journée. L espace : la bibliothèque de la romancière... Le temps devenu leitmotive du roman et l espace son meublement.. Dans le rituel de rangement et de revisite annuelle de sa propre bibliothèque et de ses multiples rayons où trônent des livres anciens d histoire, de littérature, de poésies, de fiqh, ....la romancière a trouvé matière de construire et de structurer un récit fluide tantôt poignant par son realisme tantôt vaporeux par son lyrisme. Le dosage est exceptionnellement réussi pour rendre la lecture aisée et le vol à travers les temps et les espaces même en turbulences agréables en dépit des crises, des maux et des douleurs vécus par les peuples quelque soient leurs nationalités...
Les titres des livres essuyés et rangés ou le contenu de certains de leur passage ont été utilisés par la romancierr dans un jeu habile et intelligent de l interférence des idées et des allés-retours entre les siècles et les espaces.... Le voyage reste fluide et continu, voire perpétuel rappelant que les maux de l humanite sont les mêmes au delà des temps et des espaces, en tout temps et tout lieu ... Cet aspect fait de ce roman, fruit d une sensibilité exceptionnelle et d une connaissance active de ce qui nous entoure une hymne à l universel... D une manière ou d une autre, les hommes dans leur parcours font et refont des expériences de vie identiques dans leur essence même si elles sont dictées par des choix différents ... Dans un monde devenu si restreint mais si ouvert, les humains se ressemblent de plus en plus dans, leur mode vie, de réflexion et leur valeur.. L universel prime sur le culturel. Entre Bagdad, Hims, rabat, Montréal, Paris ou encore morgan town les personnages se multiplient, défilent harmonieusement en héros passagers furtifs mais instructifs... Entre fetoum, fourate, ibn roumi, ghazali, zhour...le récit se tisse inlassablement, affectueusement, riches en messages enseignants porteurs d optimisme et de joie de vivre... La femme porteuse de vie, d optimisme, d intelligence, de savoir mais si peu reconnue traverse le récit avec noblesse.Le fil conducteur du recit très subtile mais très fort est tissé autour de symboles qui ont ponctué le parcours de la romancière et des maillons de sa vie... La rose, le chien, le feu, la braise...traversent le récit dans une violence calfeutree et élégante rappelant les années de plomb, le printemps arabes, les déportations, les exils...de Meknès, Rabat vers Montréal, des rencontres et des parcours se sont rejoints pour rendre ce roman très universel.
Les touches sur l écran de l ipad, simple geste et réflexe récurrent est utilisé pour pointer du doigt tous ces champs virtuels de perception, de récits et de feedbackd. Entre les passages, il s érigé en un clin d œil à l apport de la technologie pour activer, actualiser le récit, innover et fluidifier le va et vient dans le temps et l espace.
Le roman," les feux des deux extrémités de la journée" du professeur Halim latifa est un cri à l intelligence universelle... Il sort des sentiers battus de la littérature romancière et interpelle à plus d un égard le lecteur averti et intelligent .
13/06/2022